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Pour tous les Français à tendance râleuse concernant le système de santé français, je vous conseille de ne pas venir vivre au Canada, sinon vous feriez une crise d’apoplexie. Car ici, quoi que l’on puisse penser de la qualité du système français, on est bien moins loti…

Petit panorama de ce que j’ai pu apprendre ou expérimenter :

Etape 1 : la prise du rendez-vous. Conseil : levez-vous aux aurores, armez-vous de deux téléphones et de votre patience !

Comme je vais vous expliquer, il y a deux différences majeures par rapport à la France. Ça tient plutôt du parcours du combattant (heure de lever matinal comprise) !

 

Premier changement par rapport à la France : si vous n’avez pas de médecin de famille, pour avoir rendez-vous, il faut appeler la Clinique sans rendez-vous (il en existe plusieurs ici à Rimouski) pour avoir un rendez-vous dans la journée.

Vous avez bien lu : vous devez appeler le matin même pour obtenir un rendez-vous dans la même journée. Que vous ayez un job ou des cours n’est que le cadet de leur soucis.

Vous n’avez de toute façon que rarement la possibilité de négocier l’horaire, sauf si par un miraculeux hasard vous êtes le premier qui réussit à avoir la standardiste.

Et vous obtenez un rendez-vous à une heure donnée. Par contre, vous ne choisissez pas non plus le médecin qui vous voit. Vous aviez bien aimé Mr Untel il y a 2 mois (et en plus il était mignon) ? Vous aurez du bol si vous retombez sur lui, mais il y a peu de chances. On vous attribue un des médecins qui consulte ce jour-là. La standardiste vous indique qu’il consulte le lendemain ? Vous pouvez toujours tenter votre chance demain matin, mais au vu de ce qui suit je ne pense pas que vous le fassiez. Au pire, si vous voulez vraiment le voir, attendez-le à la sortie de son boulot façon groupie…

 

Deuxième changement par rapport à la France : pour espérer avoir un rendez-vous dans la journée, il faut appeler à une heure bien précise… Qui peut être 5h30 ou 8h30 selon la Clinique sans rendez-vous que vous appelez. 

Non, vous avez bien lu, il n’y a pas d’erreur de frappe : 5h30 !!!!! Si tu es malade et que c’est pour ça que tu appelles, rien que le parcours du combattant qui va suivre suffira à t’achever !

Donc non seulement tu es malade, mais tu mets ton réveil à 5h15 histoire d’être à peu près réveillé(e) pour l’heure dite… A 5h29, tu composes déjà le numéro et à 5h30 pile tu commences à appeler. Et si ça sonne occupé, tu rappelles tout de suite, le mieux étant d’avoir 2 téléphones avec lesquels tu appelles en léger décalé (il faut être ambidextre ou rapide !). Au bout de plusieurs essais, tu obtiens (ou pas) la standardiste qui te donne une heure de rendez-vous. Si ce n’est pas le cas, tu réessaies le lendemain… Ou tu vas traîner ta carcasse dans les salles de consultations sans rendez-vous où tu vas attendre des heures que ton tour arrive (pas la peine d’aller aux urgences, il y a souvent 10h d’attente… c’est d’ailleurs là qu’on se demande si ça devrait toujours porter ce nom-là…).

Mon expérience personnelle : pour ma part, sur le papier que l’on m’avait fourni, j’ai repéré une Clinique sans rendez-vous où il faut appeler à 8h30. J’ai donc pris celle-là car je ne me voyais pas me lever à 5h30 (ou plutôt avant !) pour prendre un rendez-vous chez le médecin. Sauf que les premiers jours que je pouvais avoir de libre j’ai laissé passer l’heure (et 5 minutes après c’est déjà trop tard). Puis j’ai mis une alarme quelques minutes avant l’heure fatidique pour être dans les starting-blocks. A 8h29 j’ai composé le numéro, à 8h30 je lance l’appel. Echec. Je recommence immédiatement. Echec. Rebelote. Echec. Etc… Au bout d’une dizaine de tentatives j’entends enfin la voix d’une personne au bout du fil. Je suis tellement surprise d’avoir enfin réussi que je mets 2 secondes à réaliser que quelqu’un me parle effectivement (j’étais en train de faire autre chose à l’ordi en même temps). Rendez-vous m’est donné pour 15h30 le jour même.

Ouf ! Première étape franchie…

 

Etape 2 : aller au rendez-vous. Conseil : faut pas être pressé ou à pieds.

Arrivée à l’heure dite ou presque, je prends ma voiture pour  me rendre à l’adresse indiquée sur le papier qu’on m’avait donné au CLSC*. Je m’y suis pris un peu en avance car comme je ne connais pas, je veux être sûre de bien trouver l’endroit et d’arriver à l’heure. Comme j’ai pas mal de travail, j’ai pris ma voiture pour venir car cela me fait gagner un peu de temps (il me faudrait 30 minutes pour venir à pieds, contre moins de 10 minutes en voiture). Arrivée à l’adresse indiquée, je repère la pancarte et me gare sur le parking de la station essence juste à côté. Je me rends à la porte et… horreur ! Une pancarte me dit que le cabinet a déménagé ! Sauf que je ne comprends pas où est le nouvel emplacement. Je vais donc demander conseil à la station-service. Ils ne savent pas trop mais me disent que c’est sûrement avec la pharmacie qui fait le coin un peu plus haut. Je reprends donc ma voiture et me rends à la fameuse pharmacie**.  Quand j’arrive devant, ne voyant pas de pancartes indiquant la clinique, je suis prise d’un doute sur la véracité de l’emplacement. Et me voilà déjà arrivée à l’heure de mon rendez-vous… ça commence à me stresser car je ne sais pas où est cette foutue clinique et je ne veux pas rater ce rendez-vous car j’ai déjà mis plusieurs jours à l’avoir (avec tous ces matins où j’ai laissé passer l’heure de 8h30 pour les appels), je n’ai pas envie d’avoir à en fixer un nouveau. J’appelle alors la clinique en leur expliquant la situation…

Et au téléphone, la secrétaire me dit qu’ils ne sont pas du tout là ! Ils sont bien plus haut et elle me donne un nom de rue que je ne connais pas. Je lui explique mon embarras et lui demande de m’indiquer comment les rejoindre, car cela ne fait pas longtemps que je suis en ville et je ne connais pas encore son plan par cœur. Elle me donne des indications, que je lui répète. Cela semble clair, je raccroche en lui disant que j’arrive. Encore heureux pour moi que je ne sois pas à pieds !!! Comment aurais-je fait sinon ?

* CLSC : le sigle veut dire Centre Local de Service Communautaire. C’est un établissement public qui dispense des services de santé et des services sociaux à la population. C’est à cet endroit notamment que l’on vient faire sa carte d’assuré maladie quand on arrive au Québec.

** Pharmacie : ici, les pharmacies ne sont pas comme en France. Ce sont un peu comme des supermarchés où tu peux trouver de la nourriture, des piles, des produits de beauté, un point poste, et à un endroit délimité, au fond du magasin, est l’endroit plus dédié à la vente de médicaments sur ordonnance. Assez déstabilisant quand on y entre pour la première fois (surtout avec toutes les sucreries et barres chocolatées à la caisse de la partie « hors médicaments ».

J’essaie de suivre tant bien que mal ses indications, mais elles se révèlent en partie fausses. C’est un peu au petit bonheur la chance que je tombe sur la clinique, parce qu’elle m’a dit qu’il y avait le supermarché IGA juste à côté ! Je me gare, j’entre dans la clinique, j’ai 20 bonnes minutes de retard…

 

Je me présente à la secrétaire et lui signale que c’est moi qu’elle a eu au téléphone, je m’excuse du retard.

Quand je lui demande depuis quand la clinique a déménagé, elle me dit que cela fait au moins 3 ans !!! Il serait tout de même bon que le CLSC remette ses papiers à jour après tout ce temps !

C'est marqué, il faut être poli avec la dame... Avis à ceux qui se sont levés du mauvais pied !!!

C'est marqué, il faut être poli avec la dame... Avis à ceux qui se sont levés du mauvais pied !!!

Elle me dit également que mon retard n’est pas grave car le médecin a plus d’une heure de retard. Me voilà soulagée… et en même temps agacée, car si j’ai pris un rendez-vous, c’est justement pour ne pas attendre des heures comme dans les endroits où on peut arriver pour consulter sans rendez-vous…

Elle prend alors ma carte d’assurée* et la glisse dans un endroit prédéfini dans une machine qui ressemble fort à un gaufrier. Elle place alors une feuille par-dessus et rabaisse la partie supérieure. Quand elle la relève, je comprends enfin pourquoi les chiffres sont en relief sur ma carte : ça a créé une empreinte encrée sur la feuille comme si on avait utilisé une sorte de papier carbone ! Oui, désolée, je parle de quelque chose que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… Demandez à vos parents ! On est loin de notre « Carte Vitale » française avec sa puce…

*carte d’assurée : appelée aussi « carte soleil » parce qu’elle figure un magnifique coucher de soleil sur sa face supérieure. Est-ce un des fameux couchers de soleil si réputés de Rimouski ?

Voici ma "carte soleil" (ça devrait plaire à Madame Soleil ce genre de cartes...). Je sais, ma photo n'est pas la plus avantageuse qui soit... mais si vous saviez dans quelles conditions elle a été prise !!!

Voici ma "carte soleil" (ça devrait plaire à Madame Soleil ce genre de cartes...). Je sais, ma photo n'est pas la plus avantageuse qui soit... mais si vous saviez dans quelles conditions elle a été prise !!!

Je m’assois alors dans la salle d’attente et me bénis d’avoir pensé à avoir amené un livre dans mon sac « au cas où ». Environ une heure se passe avant qu’une voix par haut-parleur m’appelle par mon nom et m’indique la salle de consultation dans laquelle je dois me rendre. Oui, vous avez bien compris : c’est une voix par haut-parleur qui m’a appelé. Difficile de faire plus convivial.

Je me dirige alors dans un couloir gris sur lequel s’ouvrent une série de portes blanches à droite et à gauche, chacune surmontée d’une petite pancarte indiquant un numéro. Je me dirige vers la n°6 où l’on m’a dit de me rendre. La porte est légèrement entrouverte, j’hésite à entrer. Je frappe. Personne ne répond. J’entre. Je découvre alors un bureau de médecin, impersonnel, un peu comme aux urgences, dont la porte du fond est largement entrouverte. Ici on dirait que c’est un mix de Pôle Emploi et des Urgences. Particulier…

A peine quelques secondes plus tard, une grande femme blonde en blouse arrive et me sourit : c’est mon médecin. La consultation est rapide, je n’ai qu’une somme de petits désagréments à régler, rien de bien sérieux.

Au bout de 10 minutes, un quart d’heure à peine, je ressors avec un ridicule petit bout de papier en guise d’ordonnance, de la taille d’1/4 de feuille A4.

ça change des ordonnances françaises !

ça change des ordonnances françaises !

Je cherche la secrétaire pour savoir s’il y a quelque chose à régler. Personne. Je demande alors à une dame âgée dans la salle d’attente, qui me répond en souriant que si j’ai ma carte d’assurée, je n’ai rien à payer. Elle sourit devant ma mine étonnée. Bon, c’est toujours ça de pris…

Etape 3 : la pharmacie : vive les pilules à la Dr House !

Je vais alors à la pharmacie. Ça tombe bien, elle est juste à côté. Ça ne peut pas être une coïncidence… J’entre et je me dirige vers le fond où il y a la délivrance des médicaments sur ordonnance. Je me présente à un premier comptoir où une femme me prend mon ordonnance et en me désignant les fauteuils placés un peu plus loin, me dit d’attendre dans la « salle d’attente », que dès que c’est prêt et vérifié par le pharmacien, on va m’appeler. Je vois d’ailleurs derrière elle une jeune femme qui est en train de compter les pilules qu’elle met dans une boîte, encore et encore (j’ai l’impression qu’elle l’a fait 3 fois).

Je vais donc dans la partie « salle d’attente » où j’en profite pour consulter les livres de cuisine en vente sur les rayons juste à côté. J’en trouve d’ailleurs un à mon goût avant qu’on m’appelle au comptoir. Une femme me fait régler la note des médicaments que m’a donné le médecin : 74$ ! Ouf ! Je ne m’attendais pas à devoir régler autant ! Et encore, j’ai 30$ de médicaments pris en charge par l’assurance maladie (je vois d’ailleurs par la même occasion que l’assurance maladie ne rembourse que 81$ de médicaments par mois).

Donc pour aller chez le généraliste, c’est gratuit, mais il ne faut pas qu’il te prescrive de médicaments sinon c’est ton portefeuille qui fait une cure d’amaigrissement !!!

Reçu de la pharmacie (de la même taille que l'ordonnance : ils pensent aux économies de papier !!!)

Reçu de la pharmacie (de la même taille que l'ordonnance : ils pensent aux économies de papier !!!)

Il paraît qu’il y a des assurances privées qui te permettent de payer moins, un peu comme les mutuelles en France. Mais c’est encore un coût mensuel qui s’ajoute !

ça y est : j'ai mes pilules à la Dr House ! Mais comme je bosse dans l'environnement, elles ne pouvaient qu'être vertes !!!!ça y est : j'ai mes pilules à la Dr House ! Mais comme je bosse dans l'environnement, elles ne pouvaient qu'être vertes !!!!

ça y est : j'ai mes pilules à la Dr House ! Mais comme je bosse dans l'environnement, elles ne pouvaient qu'être vertes !!!!

Après cette dame qui a encaissé mon livre en même temps que le paiement de mes médicaments (!), je passe « entre les mains » d’une troisième personne, un pharmacien de profession lui (avec les études qui vont avec) qui me donne les médicaments et m’explique comment utiliser chacun des médicaments qu’on m’a prescrit. Il est d’ailleurs étonné et amusé quand je lui montre mon intérêt pour la manière avec laquelle ça se passe ici et lorsque je lui décris comment ça se passe en France.

 

Bref, au bout de plus de 2h30 au total, j’ai fini mon marathon de soins pour la journée. Heureusement que je n’avais pas de travail urgent en cours ! Et j’espère que je n’aurais pas de maladie sérieuse, parce que je sens que ça serait beaucoup moins plaisant le parcours de soin… Mais il paraît que dès qu’on t’a détecté une maladie sérieuse, « tout roule » ensuite… J’ai pas vraiment envie de tester, même pour le raconter ici, désolée…

Tag(s) : #Québec
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