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Mardi matin, après ma journée plongée de la veille et une bonne nuit de sommeil, me voilà à l’arrêt de bus en bas de chez moi un peu avant 7h du matin direction le sud de l’île. Un premier bus jusqu’à St Paul, où je m’attendris sur un mignon petit chien dans un panier, puis direction Saint Louis pour 1h de trajet.

Arrivée à St Louis, j’aperçois le panneau de la direction Cilaos juste avant que le bus ne tourne pour la gare routière. Ma décision est prise : je ferai du stop pour monter. Habillée en tenue de randonneuse, les gens vont avoir confiance et me prendre, non ? Mon raisonnement est le bon : 3 minutes après, une charmante jeune femme du nom de Bébelle me prend pour me déposer au croisement menant à la Rivière St Louis, puis c’est un professeur de français, Sébastien, montant à Cilaos pour ses cours de la journée qui me prend environ 10 minutes après. J’ai de la chance !

Me voilà donc dans Cilaos, à 9h30, époustouflée par les remparts de roches formant le cirque qui s’étendent à 360° et encore émerveillée par les reliefs dantesques entrevus lors de ma montée en voiture. Car ce ne sont pas une mais plusieurs arêtes escarpées qui défendent l’entrée de ce cirque, et la route, sinueuse à souhait, fait quelques frayeurs quand il faut klaxonner dans les virages en épingle à cheveu sans aucune visibilité ou lorsque la route se réduit à une seule voie…

 

Randonnée Cilaos – Ilet à Cordes en passant par la Chapelle

Une fois dûment enduite de crème solaire, pour éviter les brûlures, je me lance à l’assaut du sentier menant à l’îlet à Cordes, de l’autre côté de la vallée creusée par la rivière Bras Rouge. Je passe, en sortant du village, à côté des champs de la fameuse lentille de Cilaos*, dont les pieds sont plantés même au plus près de la route, pour optimiser l’espace disponible.

La route en sortant de Cilaos, bordée de champs de lentilles, dont les pieds sont plantés jusqu'au bord du macadam, pour ne pas perdre d'espace

La route en sortant de Cilaos, bordée de champs de lentilles, dont les pieds sont plantés jusqu'au bord du macadam, pour ne pas perdre d'espace

Je m’engage alors pour une agréable descente sous les arbres, et notamment les filaos, avec pendant une bonne partie du trajet l’agréable bruit de la petite rivière Henri Dijoux que je traverse à gué à plusieurs reprise. Le cadre est agréable et ombragé, la vue est belle, le chemin est en descente et je trottine allègrement. Vient alors la tentation : apparaît sur ma droite la pancarte indiquant « La Chapelle, 1h ». J’en ai entendu parler, il paraît que c’est de toute beauté mais je l’avais écarté de prime abord car cela me paraissait faire une randonnée trop longue. Finalement, après quelques secondes d’hésitation, je me laisse tenter. Après tout, qui sait si je reviendrais par ici ?

Une très agréable première partie du randonnée, sous les filaos, avec le bruit de la rivièreUne très agréable première partie du randonnée, sous les filaos, avec le bruit de la rivière

Une très agréable première partie du randonnée, sous les filaos, avec le bruit de la rivière

Me voilà donc grimpant le coteau marche après marche, puis redescendant de l’autre côté. Arrivée à peine à 1/3 de la descente, la vue magnifique sur tous les sommets qui sont devant moi me fait monter les larmes aux yeux et dégainer mon appareil photo. Je poursuis ensuite la descente, tout en la trouvant bien raide, me préparant mentalement à la remonter…

Vues du haut du coteau pour se rendre à La Chapelle : magnifique
Vues du haut du coteau pour se rendre à La Chapelle : magnifique
Vues du haut du coteau pour se rendre à La Chapelle : magnifique

Vues du haut du coteau pour se rendre à La Chapelle : magnifique

Arrivée au fond de la vallée, je ne sais si je dois prendre à droite ou à gauche. Mais, en toute logique, je remonte vers l’amont de la rivière Bras Rouge, bientôt confortée dans ma décision par les petits tas de cailloux laissés ici et là par d’autres randonneurs pour indiquer la bonne direction. C’est qu’il est difficile de s’y retrouver dans cet enchevêtrement de rochers de toutes les tailles, du plus petit à celui dépassant allègrement les 10 tonnes, qui semblent avoir été jetés là par quelque géant négligent. Les pierres, d’origine volcanique, sont d’une incroyable diversité et il y aurait là quasiment de quoi faire un cours de géologie de terminale tout entier ! Le paradis d’un amateur de cailloux…

J’arrive finalement devant cette impressionnante faille qu’est « La Chapelle ». Les traînées noires sur fond crème la rendent encore plus solennelle. Je m’aventure un peu dans l’eau pour essayer de pénétrer à l’intérieur, mais la froideur de l’eau associée à la profondeur (plus haute que la mi-cuisse ; je n’ai pas envie d’avoir les « fesses au frais » pour le reste de la rando !) me dissuadent d’aller plus loin.

Après 1h à avoir baguenaudé sur les rochers, la remontée sous le soleil implacable sera bien moins aisée que le début de la randonnée sous les arbres…

Jolie vue dans la vallée ; l'impressionnante faille de La Chapelle ; vue d'un peu plus près
Jolie vue dans la vallée ; l'impressionnante faille de La Chapelle ; vue d'un peu plus près
Jolie vue dans la vallée ; l'impressionnante faille de La Chapelle ; vue d'un peu plus près

Jolie vue dans la vallée ; l'impressionnante faille de La Chapelle ; vue d'un peu plus près

Je reprends le sentier initial et continue ma descente vers la rivière de Bras Rouge, en fond de vallée, agrémentée d’une jolie végétation sur ses bords.

J’attaque ensuite la montée vers l’îlet à Cordes, qui va s’avérer longue et difficile, car je ne suis pas très douée pour les montées et dois m’arrêter fréquemment pour laisser reposer mes cuisses et permettre à mon cœur de redescendre. Les photos sont aussi un bon prétexte pour m’arrêter et reprendre mon souffle.

Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)
Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)

Quelques plantes sur les bords de la rivière ; vue vers l'aval ; vue vers l'amont ; 2 points de vue pris pendant la montée vers l'îlet à Cordes (ça aide à reprendre le souffle !)

L’arrivée au sommet se fait devant un petit oratoire comme on peut en voir beaucoup ici. Les statuettes qui y sont peuvent se vanter d’avoir une belle vue ! Je débouche alors sur d’autres champs de la fameuse lentille, qui semble la culture majoritaire ici, même si je vois aussi quelques champs de haricots et de choux dans le village que je traverse alors de part en part. Voyant une boutique sur le bord de la route (« Le reposoir », le bien nommé, avec terrasse couverte, et tout et tout), j’entre et tombe sur la caverne d’Ali Baba pour tout randonneur : des boissons diverses et variées, quelques provisions mais surtout des petites « cochonneries » au chocolat telles que les Mars, Twix, et même des glaces ! Après cette bonne petite suée (j’ai d’ailleurs mis ma polaire car il ne fait pas très chaud là-haut), je m’accorde une glace et un Twix. Dégustant mes friandises, je vais jusqu’au bout de la route, jusqu’à la dernière maison. Je reviens alors vers le terminus du bus pour passer les 20 dernières minutes assise à l’attendre. C’est alors qu’arrive Harris (agriculteur d’âge indéfini, je dirais environ 30 ans), qui vient me faire un petit bout de causette. Pas très à l’aise, je réponds poliment mais le trouve tout de même un peu bizarre, un peu simple mais très gentil.

Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée
Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée
Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée
Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée
Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée

Vue des statuettes de l'oratoire ; l'oratoire (sur la ville de Cilaos, en face) ; vision bucolique (et fraîche!) en arrivant en haut sur les champs de lentilles ; la fameuse lentille ; mes récompenses de la journée

Le trajet en bus pour redescendre vers Cilaos est assez impressionnant : la route est peu large, les virages en épingle à cheveu et de mon siège, près de la fenêtre, j’ai l’impression d’être au-dessus du vide à chaque virage vers l’extérieur ! Xavier, quand tu disais que le trajet en minibus vers l’onsen dans la province de Gunma (au Japon, pour ceux qui n'y étaient pas) était impressionnant, c’est que tu n’es pas venu ici avant ! Maintenant, à côté du trajet en bus que je viens de faire, le trajet en minibus me paraît une promenade de santé !

Attendant les 18h à partir desquelles je vais pouvoir me rendre chez mes hôtes trouvés via le couchsurfing, je visite une boutique où je peux admirer les magnifiques broderies de Cilaos et une autre très étonnante où je peux contempler des bijoux en pierres semi-précieuses et écailles de poisson** !

Les broderies ajourées typiques de Cilaos ; les bijoux en écailles de poisson et pierres semi-précieuses de Miss TortueLes broderies ajourées typiques de Cilaos ; les bijoux en écailles de poisson et pierres semi-précieuses de Miss Tortue
Les broderies ajourées typiques de Cilaos ; les bijoux en écailles de poisson et pierres semi-précieuses de Miss TortueLes broderies ajourées typiques de Cilaos ; les bijoux en écailles de poisson et pierres semi-précieuses de Miss Tortue

Les broderies ajourées typiques de Cilaos ; les bijoux en écailles de poisson et pierres semi-précieuses de Miss Tortue

Je suis ensuite accueillie très gentiment par Jérôme et Chantal ainsi que par leur petit garçon Célian. Ils me mettent à l’aise tout de suite et la discussion s’engage rapidement. Une bonne douche chaude achève de me remettre de ma journée, de même que le repas du soir partagé simplement autour d’une discussion sympathique et enrichissante sur nos expériences relatives. Un lit avec une couette douillette me permet un sommeil réparateur pour bien attaquer la journée du lendemain, au même titre qu’un petit déjeuner partagé et des conseils de randonnée ainsi que la compagnie de Chantal et leur chien Indi pour trouver le début du chemin de randonnée. Merci à vous, vous avez été des hôtes parfaits !

Mes charmants hôtes : Jérôme et Chantal

Mes charmants hôtes : Jérôme et Chantal

*lentilles de Cilaos : initialement, les cirques ont été habités par les esclaves marrons (c’est-à-dire qui se sont enfuis) puis par les « petits blancs » (colons pauvres sans terres). S’est alors établie dans ces coins reculés une agriculture à mi-chemin entre l’agriculture malgache et française. Les lentilles sont donc cultivées à Cilaos depuis 1835 et représentent maintenant 60% des terres cultivables. Sont cultivés également des choux, de l’ail ou des haricots verts.

**bijoux en écailles de poisson : ce sont des bijoux (colliers, boucles d’oreilles, bracelets) créés par une artiste appelée « Miss Tortue ». Cette idée pour le moins originale lui est venue en voyant sa grand-mère réaliser des bijoux avec des écailles de poisson. Par tâtonnements successifs, elle a trouvé le procédé pour les colorer, les rendre dures et brillantes. Ce procédé dure 3 jours.

Randonnée à Cilaos : Cilaos – Bras Sec - Bonnêt de Prêtre - Palmiste Rouge – Ilet Haute ( ?) et Pavillon ( ?)

C’est sous un ciel un peu couvert que je commence ma randonnée, laissée à l’entrée du chemin par Chantal qui m’a gentiment accompagnée. Mais ce temps n’est pas pour me déplaire car cela m’épargne la chaleur, qui n’est pas ma meilleure amie.

Pour me mettre en jambes, le chemin descend sous les arbres avant de remonter à Bras Sec. La montée est toujours un peu difficile pour moi, d’autant que je me suis aperçue qu’en randonnée je suis un diesel : c’est après 2 à 3h de marche que je me sens le mieux ! Mais je découvre un joli petit village tranquille avec de belles cases créoles, et toujours les contreforts du cirque qui donnent à ce paysage quelque chose de grandiose. Avoir de tels remparts de roche si près ne peut laisser indifférent ! Les habitants d’ici peuvent-ils être blasés de tant de beauté ?

Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan
Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan
Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan
Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan
Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan

Le lac de Cilaos, entouré de fleurs ; la rivière à traverser en allant vers Bras Sec ; Cilaos, vu depuis Bras Sec ; une charmante aire de pique-nique en arrivant sur Bras Sec ; une belle maison avec le Dimitile en arrière plan

Je parcours le village pour trouver le sentier allant au Bonnet de Prêtre (qui tient son nom de sa forme en mitre d’évêque). Je tombe alors sur un groupe de 4 retraités (ou presque) français que j’avais croisés la veille alors que je montais vers l’îlet à Cordes et qu’eux en descendaient. Nous discutons un moment puis je me lance sur le chemin. La montée se fait sans trop de problèmes, avec quelques arrêts pour reprendre mon souffle et admirer la vue derrière moi. Je débouche à la fin de cette montée sur une prairie verdoyante pour le moins inattendue qui s’étend en bas du fameux Bonnet de Prêtre. Ce paysage vert tendre et plat, illuminé par le soleil qui a maintenant percé les nuages, m’apporte un calme et une sérénité inattendus. Tout est silence ici, seuls les gazouillis des oiseaux viennent meubler l’air pur du lieu. Je traverse ce petit paradis pour commencer alors une longue descente vers le village de Palmiste Rouge. Sous les arbres, les pierres sont moussues, humides de la pluie de cette nuit et les racines tortueuses. Moi qui essaie de trottiner en descente, je dois garder les yeux rivés sur le chemin et avoir la sûreté de pied du chamois ! Et je n’en finis pas de descendre… Sur le site « Randopitons », ils disaient que les sportifs prendraient la randonnée à l’envers en rajoutant 1 ou 2h de plus… Pas fou, non ? Il faudrait me payer* pour que je la fasse dans l’autre sens !

 

*il faudrait me payer : ou que je sois atteinte par la sportivite aigüe, ce qui est loin d’être mon cas… mais on ne sait jamais, à la Réunion, même ceux réfractaires au sport se mettent à la randonnée. Mais je doute d’être contaminée par ce virus… Il n’empêche, le sport « national » ici est la course. Ce n’est pas pour rien que le petit nom de la Réunion est la « Run » !

Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin
Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin
Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin
Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin
Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin

Prairie d'une sérénité surprenante au bas du Bonnet de Prêtre ; les sentiers pratiqués, parfois glissants, toujours en descente ; vision de la vallée sur le chemin vers Palmiste Rouge ; le mimosa en fleur qui embaume le chemin

Puis viennent de gros cailloux et un tuyau plus gros que ma cuisse (pourtant de bonne taille !) pour finir le parcours jusqu’à Palmiste Rouge. Et toujours de magnifiques vues…

Décidément, j’ai bien fait de suivre les conseils de Jérôme et de choisir cette randonnée plutôt que celle que j’avais prévue ! Je traverse le gros village de Palmiste Rouge, lui aussi pourvu de quelques jolies cases créoles avec les pics du Dimitile pour toile de fond. Magnifique !

De belles cases créoles et des fleurs, avec vue sur le Dimitile
De belles cases créoles et des fleurs, avec vue sur le Dimitile
De belles cases créoles et des fleurs, avec vue sur le Dimitile

De belles cases créoles et des fleurs, avec vue sur le Dimitile

Arrivée au chemin me permettant d’effectuer la suite de la randonnée, mauvaise surprise : un panneau « sentier fermé » en barre (relativement) l’accès. Je lis l’arrêté préfectoral agrafé à côté : il s’agit d’une simple précaution à la suite de l’éboulis ayant eu lieu au col du Taïbit quelques jours auparavant. Consciente du risque mais ayant envie de continuer ma rando, je passe outre.

Un panneau que j'aurais mieux fait de suivre cette fois-ci...

Un panneau que j'aurais mieux fait de suivre cette fois-ci...

Le soleil tape fort et je dois m’arrêter pour remettre de la crème solaire. De plus, le chemin est un peu moins évident que ce matin : bien que les marques soient visibles de loin en loin sur les rochers, des herbes sont souvent en travers du chemin. Et la descente pour arriver dans la vallée creusée par la rivière appelée « petit bras de Cilaos » est parfois glissante (je n’ose imaginer par temps de pluie), ou recouverte de végétation, ou certains passages franchement étroits (à peine 20 cm de large) : à déconseiller à ceux qui ont le vertige et aux familles ! Mais bon, je me dis que ce n’est qu’un passage et que de toute façon, je n’aurais pas à repasser par là…

Un chemin parfois très étroit, en bord de ravin, mais des vues magnifiques
Un chemin parfois très étroit, en bord de ravin, mais des vues magnifiques

Un chemin parfois très étroit, en bord de ravin, mais des vues magnifiques

Arrivée en bas, je tombe sur une jolie rivière et un beau petit coin de verdure, parsemé de rochers. Mais là, tout se complique : très vite je perds les traces indiquant le chemin et je m’enfonce dans les hautes herbes, coupantes qui plus est. Je trouve que ce n’est pas drôle et rebrousse chemin, pour retrouver les traces : j’ai dû manquer quelque chose. Mais j’ai beau m’entêter, pas moyen de trouver la poursuite des traces : on dirait qu’il y a eu un éboulement qui a tout emporté ou quelque chose approchant. J’essaie quand même de gravir les gros blocs de la rivière pour tenter de trouver des marques de l’autre côté, voir si c’est ici qu’il faut traverser la rivière comme c’est indiqué sur la carte. Je m’entête pendant 1h et il fait chaud au fond de cette ravine. Je sens avec intensité la morsure du soleil sur ma peau. Mais il faut me rendre à l’évidence : pas moyen de continuer la randonnée, il faut que je fasse demi-tour. Il est tout de même plus de 14h et ce n’est pas la peine d’insister, j’ai fait tout ce que je pouvais.

Alors que je commence à rebrousser chemin, la mort dans l’âme, je croise mes 4 français de ce matin qui arrivent d’un bon pas. Je les préviens de notre infortune commune. Après vérification de leur part, ils décident aussi de rebrousser chemin, ce qui est plus prudent.

Une jolie clairière de bambous et une rivière agréable, malgré la perte du chemin ; mes compagnons d'infortune : Jean-Marie, Martine, Colette et Patrick
Une jolie clairière de bambous et une rivière agréable, malgré la perte du chemin ; mes compagnons d'infortune : Jean-Marie, Martine, Colette et Patrick
Une jolie clairière de bambous et une rivière agréable, malgré la perte du chemin ; mes compagnons d'infortune : Jean-Marie, Martine, Colette et Patrick

Une jolie clairière de bambous et une rivière agréable, malgré la perte du chemin ; mes compagnons d'infortune : Jean-Marie, Martine, Colette et Patrick

A la remontée, contrariée, la colère me prend et je remonte jusqu’au village sans quasiment faire de pause ; j’ai mis 55 minutes à remonter ce que j’avais mis 45 (photos comprises) à descendre !

Je suis prise en stop par Dany, ouvrier du bâtiment qui est en repos pour quelques jours et m’amène jusqu’à Cilaos. Puis par Mireille et Joseph Antier, un couple de retraités qui ont vécu 25 ans à Cilaos et passent maintenant l’année entre leurs deux maisons : l’été à Cilaos où il fait plus frais et l’hiver à Saint Gilles où il fait doux. Ils me conduisent jusqu’à la rivière Saint Etienne, en bas du cirque, un peu en dehors de leur route. C’est ensuite Corinne, avec ses amis Loïc et Frédérique, qui me déposeront devant chez mon hôte de ce soir, à l’Entre Deux, alors qu’ils habitent à la Ravine des Cabris. Merci pour cette longue chaîne de solidarité !

Chaîne de solidarité qui continue avec Loïc et Adèle qui m’accueillent ce soir. Je ne les ai pas trouvés via le site de couchsurfing mais grâce à mon colocataire JL qui les a appelés pour savoir si je pouvais venir « squatter » un matelas chez eux entre deux randonnées. Ils ont tout de suite accepté !

J’ai passé avec eux une très agréable soirée, où je me suis sentie accueillie comme si j’étais chez des amis. Ce sont eux également qui m’ont donné l’idée de ma randonnée du lendemain, celle vers le Dimitile étant trop ambitieuse au vu des ampoules déjà allumées sur mon pied droit.

Mes hôtes de ce soir : Loïc et Adèle

Mes hôtes de ce soir : Loïc et Adèle

Randonnée : remontée de la Rivière de la Plaine à partir d’Entre Deux

Après une bonne nuit réparatrice et un bon petit déjeuner, je m’en vais à l’assaut de la rivière de la Plaine et de ses orgues de basalte. Le réveil musculaire a été un peu dur, me faisant ressembler à une petite grand-mère quand je montais ou descendais une marche tellement j’avais mal aux cuisses…

Mes muscles se dérouillent peu à peu avec la marche en ville qui donne accès au chemin, mais sont mis à l’épreuve par la bouillasse qui règne sur le chemin en descente qui mène à la rivière… le ciel a eu la mauvaise idée de vouloir déverser de manière sporadique son trop plein sur le sol de l’île. Du coup, j’ai dû emprunter la cape de pluie d’Adèle (j’ai l’air maline quand j’enfile ça, surtout quand je croise les sportifs qui remontent la pente en courant, sans rien de particulier sur le dos) et mes genoux ainsi que mes cuisses apprécient très moyennement de devoir se verrouiller à chaque pas pour m’éviter de me « gameller » dans cette charmante gadoue…

Une fois traversé le pont qui enjambe la rivière, je remonte la colline histoire d’avoir une belle vue d’en haut et de continuer l’entraînement de mes cuisses. Puis me voilà repartie vers le bas pour remonter cette rivière, réputée pour ses orgues de basalte*.

 

*orgues de basalte : forme particulière que prend la lave en refroidissant rapidement, par contraction thermique (la partie inférieure de la coulée se refroidit plus rapidement et des fissures se forment vers la surface, formant ces colonnes à la forme si particulière). Ce sont des colonnes de basalte de forme hexagonale le plus souvent, qui ont une forme très régulière. Le nom provient de l’analogie avec les tuyaux de l’instrument de musique. Les orgues basaltiques les plus connus en Europe sont ceux de la Chaussée des Géants en Irlande.

Vue depuis "la colline d'en face" ; gros plan sur des orgues basaltiques
Vue depuis "la colline d'en face" ; gros plan sur des orgues basaltiques

Vue depuis "la colline d'en face" ; gros plan sur des orgues basaltiques

Après quelques dizaines de mètres à jouer à « saute caillou », j’arrive devant un problème épineux : je dois traverser la rivière, mais je sais que mes chaussures sèchent très lentement (ce ne sont pas des chaussures de trail, mais des chaussures de randonnée, pas très adaptées pour traverser les rivières). Elle est assez large mais peu profonde, et il n’y a pas de cailloux sur toute la largeur pour la traverser à pied sec. Que faire ? Je décide de la traverser tout d’abord sur les quelques cailloux présents, puis d’aller « vite » dans la partie « mouillée » (normal pour une rivière !). Mes chaussures devraient avoir le temps de sécher pendant le reste de la journée… et puis j’ai envie de voir ces orgues de basalte et l’arche naturelle !

Aussitôt dit, aussitôt fait : j’ai maintenant des piscines à la place des chaussures… alors que je continue mon chemin, je m’aperçois que je ne suis pas au bout de mes peines : la rivière fait un autre coude, il va donc falloir encore une fois traverser… Je cherche des cailloux, un passage plus étroit… et je n’en trouve pas ! Je viens de rejoindre un couple de jeunes allemands, qui ont l’air bien embêtés aussi. Ils m’expliquent qu’ils ont enlevé leurs chaussures pour le premier passage, puis les ont remises…

Ne voulant pas me compliquer la vie outre mesure, je décide de traverser « à pied mouillé ». Je les invite à faire de même, leur dit que c’est plus rapide, mais ils semblent encore hésiter. Je continue donc mon chemin. Quand tout à coup j’entends quelques claquements secs ; je me retourne et je vois une roche de la taille d’un sac à dos atterrir dans la rivière avec le bruit d’un coup de canon ! Arg ! Je vais me tenir un peu plus éloignée des falaises dorénavant (quand je pourrais). Les allemands, qui étaient à une dizaine de mètres du point de chute, font une drôle de tête…

Je continue à remonter la rivière et la traverse autant de fois que nécessaire. Encore une barrière psychologique de tombée ! Maintenant, peu m’importera de mettre les pieds dans l’eau (du moment que je n’ai pas à faire une rando le lendemain, pour laisser à mes chaussures le temps de sécher). Et je ne le regrette pas : à chaque coude c’est un ravissement renouvelé : les hautes parois, la végétation, ces fantastiques orgues basaltiques un peu partout, la roche noire polie par l’eau qui brille au soleil, l’eau qui coule au milieu de cet écrin, le silence du lieu, l’impression de partir à la découverte d’un territoire inexploré (mis à part les quelques traces de camping ça et là, mais il ne faut pas être trop difficile dans la vie !)…

Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !
Vues le long de la rivière : magique !

Vues le long de la rivière : magique !

Je remonte ainsi la rivière pendant 2h, jouant les exploratrices. Je me moque tellement maintenant de me mouiller les chaussures (et puis, avouons-le, l’eau est bonne : elle doit être autour des 24°C), que je me mets parfois en plein milieu de la rivière, les pieds dans l’eau, histoire d’avoir un meilleur point de vue... Inimaginable pour moi avant aujourd’hui !

Puis, comme il est 13h30 et que le soleil, haut dans le ciel au-dessus des gorges, va à un moment donné finir par passer derrière les crêtes, je me dis qu’il va falloir que je rebrousse chemin si je veux encore avoir un peu de visibilité sur la profondeur de l’eau et là où je mets les pieds quand je traverse… Mais auparavant, je fais une petite séance de vidage de graviers de mes chaussures et de mes chaussettes, eux qui se sont introduits sans ma permission, rendant la marche moins confortable… Alors que je suis en train de laver mes chaussettes, je réfléchis un peu à ce que je suis en train de faire : je rince des chaussettes, que je vais remettre trempées, idem pour les chaussures, pour traverser la rivière encore une bonne quinzaine de fois… Pour immortaliser cet instant assez « WTF » me concernant, je fais une petite séance photo avec un rocher compatissant pour me tenir l’appareil.

C'est ce qui s'appelle "laver à grande eau" !
C'est ce qui s'appelle "laver à grande eau" !

C'est ce qui s'appelle "laver à grande eau" !

Le retour, notamment dans des gorges un peu plus resserrées et où l’eau est plus profonde, est maintenant moins joli qu’à l’aller, voire un peu oppressant, maintenant que le soleil s’en est allé derrière les crêtes…

Quand le soleil est parti, c'est tout de suite moins "avenant" !Quand le soleil est parti, c'est tout de suite moins "avenant" !

Quand le soleil est parti, c'est tout de suite moins "avenant" !

Je remonte la dernière pente menant au village à un bon pas, sans m’arrêter (même si elle n’est pas non plus si raide que cela) : il y a du progrès !

Arrivée chez Loïc et Adèle, une bonne douche bien chaude me réconforte et réchauffe mes pieds un peu ramollis par cette journée à faire trempette, de même que des chaussettes sèches… qui seront bientôt remouillées car une opportunité de me faire ramener vers mes pénates s’ouvre à moi une demi-heure plus tard, à raison d’un trajet vers Le Port de Loïc et de son pote Nico, pour aller répéter avec leur groupe de musique. Mon colocataire JL qui viendra me chercher à Savanna (où ils m’ont déposé) pour me ramener à la maison complètera cette autre chaîne de solidarité. Merci les copains !

 

Ce que j’ai appris des différentes personnes que j’ai rencontré :

Jérôme et Chantal : les broderies de Cilaos ont 200 ans d’ancienneté. Elles ont été initiées par la fille du Docteur Mac Auliffe, venu à Cilaos pour travailler comme médecin dans le thermalisme. Comme elle s’ennuyait, c’est là qu’elle a commencé ce style de broderie particulier, fait d’ajourés et aux couleurs vives.

Joseph et Mireille Antier : ils ont vécu à Cilaos pendant 25 ans, lui comme directeur d’école et elle comme professeur de français. Ils m’ont raconté qu’avant, il existait deux collèges à Cilaos dont l’un était un petit séminaire. Il y avait également un club de cinéma car les gens s’y intéressaient plus que les habitants actuels (le cinéma a fermé récemment), au point qu’une des personnes de l’association qui existait alors allait tous les lundis à Saint Denis pour aller chercher les bobines des films pour la semaine à venir (le trajet était bien plus long qu’aujourd’hui).

Le développement de la Réunion s’est fait dans les années 1970 sous l’impulsion de Michel Debré.

Il n’existait auparavant qu’un seul lycée, à Saint Denis. C’est le développement de la Réunion ainsi que l’augmentation de la population qui a entraîné l’ouverture d’un deuxième lycée au Tampon, puis d’autres qui ont suivi.

Loïc et Adèle : j’ai découvert avec eux un livre sur la cuisine végétarienne (« Protéines vertes » Cécile et Christophe Berg) et un très beau livre sur les baies comestibles des forêts de France métropolitaine (« L’appel gourmand de la forêt » Linda Louis).

Et aussi que les plantes sont particulièrement sensibles pour leur croissance à la musique en 432 Hz (fréquence du « la »).

Tag(s) : #En voilier dans l'Océan Indien
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